GRÈCE: Papandréou prêt à se sacrifier pour convaincre la droite

Article paru dans L’Écho du jeudi 16 juin 2011 ///

LE PREMIER MINISTRE GREC REMANIE ET DEMANDE LA CONFIANCE DU PARLEMENT

Des syndicats traditionnels aux groupuscules extrémistes en passant par les « Indignés » qui campent au cours d’Athènes, des milliers de manifestants ont envahi les abords du Parlement grec pour crier leur colère, mercredi. Une grève générale de 24 heures avait été décrétée pour protester contre le plan d’austérité du gouvernement.

Le vote de ce plan est l’une des conditions posées à la Grèce pour obtenir le versement de la cinquième tranche du prêt de 110 milliards d’euros accordé l’an dernier par l’Union européenne et le FMI, et dont 53 milliards ont déjà été versés.

Georges Papandréou a désespérément tenté de convaincre ses rivaux de droite de se rallier à son plan. Sans succès. Le Premier ministre a même offert de démissionner, si cette décision pouvait permettre de mettre sur pied un gouvernement d’union nationale auquel se rallieraient les conservateurs. Hier soir, Papandréou a finalement annoncé qu’il procéderait à un remaniement de son gouvernement ce jeudi. « Je formerai un nouveau gouvernement et immédiatement après je demanderai la confiance au Parlement », a précisé le socialiste dans une brève déclaration télévisée.

Pendant que le Premier ministre Papandréou tentait de convaincre l’opposition de lui accorder son soutien, les abords de la place Syntagma, où trône le Parlement, ont vu éclater des affrontements musclés entre manifestants et forces de l’ordre.

Mais cette flambée de violence n’est que la partie émergée de l’iceberg…

CAPITALE INSÉCURISÉE

Si « la première victime de la guerre, c’est toujours la vérité », à Athènes, la première victime la crise économique, c’est la tolérance. Selon les statistiques de la police, entre 2009 et 2010, les vols à l’arrachée ont doublé, les braquages de taxis quadruplé, et les homicides ont augmenté de 50%. Naguère encore, Athènes avait la réputation d’être l’une des capitales les plus sûres d’Europe. Pour son maire, Giorgos kaminis, la situation est hors contrôle: « La crise économique combinée à une criminalité extrême a rendu possible le risque de voir la ville s’effondrer ».

Le maïeur pointe deux des plus grands problèmes de la capitale: les toxicomanes et l’immigration illégale.

La crise économique et un taux de chômage officiel de 16% ont définitivement bouté le feu de l’intolérance à Athènes. En novembre, elle s’est manifestée par les urnes: aux élections municipales, le parti néonazi Chrisy Avgi, jusqu’alors confiné à des scores confidentiels, faisait une percée en remportant 5,3% des suffrages. Quand, au mois de mai, un Athénien fut assassiné par un immigré, les violences contre les immigrés sont montées d’un cran, et un Bangladais a perdu la vie dans une expédition punitive. Face à cette flambée de haine, Georges Papandréou a prévenu ses ministres: « Athènes coulera si elle sombre dans la violence ».

Grégory Jacquemin avec AFP pour l’Echo