NAJIB MIKATI, Premier ministre libanais

Article initialement paru dans L’Écho du mercredi 15 juin 2011 ///

Homme d’affaires avisé et défenseur de la modération dans un pays tourmenté, ce milliardaire sunnite se risque à l’exercice difficile du pouvoir au Liban.

Devant le peuple libanais, après six mois de travail dans un contexte difficile, le sunnite Najib Mikati, 56 ans et 48e Président du Conseil des ministres, a annoncé lundi la formation de son gouvernement largement dominé par le Hezbollah. À la suite de son prédecesseur, Saad Hariri, il est le 2e milliardaire à occuper ces fonctions.

Dossard 409 dans le classement des plus grosses fortunes du magazine Forbes avec une richesse estimée à 2,8 milliards de dollars, marié et père de trois enfants, Najib Mikati est le parfait exemple du « self-made-man ». En 1982, au milieu des infrastructures détruites par la guerre civile, ce jeune diplômé en management de l’Université américaine de Beyrouth a une idée lumineuse qu’il propose à son frère aîné, Taha: la vente de téléphones satellitaires. La société Investcom venait de voir le jour. Durant les années 90, les frères Mikati décident d’exporter leur savoir-faire en Afrique. En quelques années, Investcom s’impose au Ghana, au Libérai, au Bénin et en Guinée. En 2005, sur le marché de Londres, elle deviendra la plus importante IPO pour une société au Moyen-Orient. En 2007, après avoir vendu Investcom, les deux frères fondent le M1 Group, un conglomérat actif dans les télécoms, le pétrole et la mode.

« la tolérance et la modération sont les chemins indéniables pour mener le pays vers des rivages sereins » Najib Mikati

La carrière politique de Najib Mikati commence en 1998 au ministère des Travaux publics et des Transports. En 2000, il remporte la circonscription électorale de Tripoli et devient parlementaire. Après l’assassinat de Rafiq Hariri en 2005, Mikati qui, en arabe, signifie « gardien du temps », est nommé une première fois Président du Conseil. Proche de Bachar al-Assad avec lequel il s’est lié d’amitié pendant sa carrière d’homme d’affaires, Najib Mikati se présente comme l’homme de la neutralité qui ne veut être l’otage d’aucun camp dans le paysage politique complexe du Liban. Sur son site Internet officiel il affiche que « la tolérance et la modération sont les chemins indéniables pour mener le pays vers des rivages sereins ».

Grégory Jacquemin pour L’Echo